Délibération cadre sur la lutte contre les déserts médicaux : projet de création de centres de santé départementaux et création d’un poste de directeur de projet « lutte contre les déserts médicaux » Rapport n° DGAEFS-SG/2023/136
Pour – Intervention de Maël GUIZIOU
Monsieur le président,
Madame la vice présidente,
Une fois n’est pas coutume, nous sommes favorables à cette nouvelle politique. La lutte contre les déserts médicaux est un enjeu d’accès au service public, d’égalité entre les territoires.
« Délais de rendez-vous plus longs, difficultés à trouver un « médecin traitant », absence de médecin de garde : les difficultés d’accès aux soins de proximité sont nombreuses et multiformes, dans de nombreux territoires ruraux, mais également des zones périurbaines voire des centres urbains ».
Je tiens d’ailleurs à pointer le fait que la densité médicale dans certains quartiers populaires de zones urbaines est elle aussi qualifiable de désert médical, quand on pense au quartier de la Bourgogne à Tourcoing ou à de nombreux quartiers de Roubaix.
Dans son rapport sur la décentralisation, la Cour des comptes considère que l’intervention des collectivités est pertinente « lorsque l’aide conforte un projet médical solide et l’engagement effectif des professionnels de santé ». S’appuyer sur les dynamiques locales est le meilleur moyen de créer de l’efficacité et de la complémentarité entre les différents acteurs médicaux.
Le rapport pointe également que « Dans des contextes territoriaux où la densité en médecins libéraux est très insuffisante, le recours à des médecins salariés, notamment dans des centres de santé gérés en régie permet de répondre efficacement aux besoins locaux ». Ce salariat de médecins peut être positif pour attirer dans les zones en désertification médicale. Il correspond à une demande des nouvelles générations de médecins qui peuvent être réticents à s’installer seul en libéral dans une zone sous dense où ils seront sur-sollicités. Le salariat permet également un équilibre vie professionnelle vie familiale plus aisé.
Nous avons noté en commission que le Département envisage de s’appuyer sur les internes et externes en médecine, ce qui est une bonne chose.
Le rapport de la Cour des comptes critique l’efficacité des politiques de bourses et considère que les collectivités doivent se concentrer sur le soutien aux investissements mobiliers et immobiliers pour la création de maisons médicales.
Attention cependant à ne pas sur-vendre cette politique aux Nordistes: la pénurie de médecins fait qu’il y a un risque que la montée en puissance du dispositif soit lente et décevante. En effet, les effets de long terme de la politique délibérée de numerus clausus mise en place par des gouvernements socialistes et de droite font que la pénurie de médecin ne va que s’aggraver dans les dix prochaines années.
La presse se fait l’écho de difficultés de certaines collectivités à mettre en place des maisons de santé, par exemple dans un article de la Voix du Nord le 22 février.
Pour mettre en place cette politique, il est nécessaire de développer une collaboration positive avec l’ARS (agence régionale de santé), point qui reste particulièrement complexe, comme l’a démontré la Mission d’Information et d’Evaluation sur l’Allocation Personnalisée d’Autonomie. Cette politique nécessite également une collaboration avec les formations universitaires en santé.
Nous voterons donc pour cette délibération en espérant une mise en place efficace.