Question d’actualité sur la mixité sociale dans les collèges

Photo : DDM, Y.S

Portée par Simon Jamelin, pour le groupe écologiste

Monsieur le Président,
Madame la Vice présidente, 

L’Etat a publié récemment les indices de position sociale de tous les établissements scolaires de France. Données réclamées depuis longtemps par les professionnels de l’éducation. Il ne l’a pas fait de bonne grâce mais contraint par un recours auprès de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs.

L’Indice de Position Sociale, l’IPS, compile différentes données, comme la profession des parents, le lieu de vie, ou la surface du logement pour définir la position sociale des élèves. En clair, plus votre indice est élevé, plus vous êtes favorisé. 

L’indice de position sociale moyen en France est de 103. Celui du département du Nord de 93. On le voit, les élèves du Nord sont plus pauvres que la moyenne des Français. 

A leur sortie, nous avons analysé les données de l’ensemble des collèges de nos cantons, c’est probablement ce que vous avez toutes et tous fait. 

Pas de surprise, l’IPS moyen de Lille 3, Lille 4 et Lille 5 est conforme à la moyenne du département, mais si on rentre dans le détail, on s’aperçoit vite des inégalités bien ancrées dans notre territoire. 

Des inégalités entre collèges publics d’abord : à Lille 3 par exemple, le collège Martha Desrumeaux, bien que situé dans le quartier de Saint-Maurice Pellevoisin a un IPS de 10 points inférieur au collège Saint Exupéry d’Hellemmes, à seulement 3 kilomètres. Et on observe une différence de près de 20 points avec le collège Descartes de Mons en Baroeul, situé lui à 1,5 kilomètres de là. 

Mais je voudrais vous parler du canton de Lille 5. Au-delà de l’exemple, il symbolise les inégalités criantes entre collèges. Si on prend l’IPS moyen du canton, tout va bien, on est dans la moyenne haute du département. Mais si on va dans le détail, Lille 5 concentre à la fois des collèges aux Indices de Position Sociale les plus bas de France, et ceux aux Indices de Position Sociale les plus hauts du pays. Louise Michel : 64 (30 points sous la moyenne du département). Saint Paul : 142 (47 points au-dessus de la moyenne).

Je vous parle de Lille, mais cette réalité on la retrouve dans tout le département :

Saint Luc à Cambrai est à 119, Jules Ferry à 92

Saint Jean à Douai est à 131, André Canivez à 72 

Saint Jacques à Hazebrouck est à 119, Henry Dunant à Merville à 83

Jeanne d’arc à Roubaix est à 144 quand Jean Baptiste Lebas est à 59.

Nous sommes toutes et tous bien conscients ici de l’ancrage important et historique de l’enseignement privé dans le département, et il y a heureusement parfois des exceptions avec des collèges privés qui jouent le jeu de la mixité sociale, mais ce n’est pas la règle.

Soyons clairs, l’évitement scolaire, à travers le recours au privé mais aussi les dérogations dans le public, contribue à aggraver la polarisation de nos établissements entre des collèges de classes supérieures et des collèges de classes populaires. 

Mais il n’y a pas de fatalité. Juste un exemple : Le Département de Haute-Garonne a mis en place en 2016 un plan de mixité sociale. Transports scolaires gratuits financés par le Département, resectorisation de 11 collèges et réduction des effectifs dans les classes en lien avec l’Education Nationale. Incitation financière pour les collèges publics et privés avec un fort taux de mixité sociale, concertation avec les familles. 

Et ça marche : 5 ans après, les élèves accueillis ont augmenté leurs moyennes, leurs résultats au brevet sont en hausse et le climat scolaire s’améliore. 

Il n’y a pas de fatalité, mais pour ça, il faut une volonté politique et une ligne budgétaire.

L’IPS dit beaucoup mais il ne dit pas tout : nous voulons dire ici toute notre reconnaissance pour les équipes éducatives, les agents, les parents d’élèves qui peu importe l’origine sociale de nos élèves contribuent à leur réussite. 

La Voix du Nord titrait il y deux semaines : “Le collège, lieu de consolidation et d’accroissement des inégalités”.

Monsieur le Président, 


Quels sont les leviers du Département pour que nous aussi, dans cette institution, nous puissions agir en faveur de la mixité scolaire, pour contribuer à ce que nos élèves aient les mêmes chances de réussite, les mêmes conditions d’apprentissage, peu importe le revenu de leurs parents ?
Quel travail pouvons nous mener sur la carte scolaire pour faire évoluer la sectorisation ? 

Je vous remercie.