« Le Nord, Terre de Mémoire Vivante » : 3 parcours mémoriels au titre de l’année 2023/2024 Rapport n° DC/2023/279
Pour – Intervention de Simon JAMELIN
Monsieur le Président, Madame la Vice Présidente,
Nous tenons à saluer le travail mené par les services qui a abouti à cette délibération sur le devoir de mémoire qui permettra un travail important et nécessaire auprès des collégiennes et collégiens du département.
Il est toujours nécessaire, encore aujourd’hui, de rappeler jusqu’où les choses peuvent aller quand les libertés individuelles et collectives sont attaquées.
Mais le simple rappel n’est pas suffisant et doit toujours s’accompagner de discussions, d’explications, de contextualisation. On sait que parfois, certains ont confondus devoir de mémoire et tourisme mémoriel (on se souvient des selfies souriants pris à Auschwitz). C’est là que cette délibération prend son sens. Il ne s’agit pas simplement de permettre à nos élèves de se rendre sur des lieux qui malheureusement ont fait l’histoire, mais de permettre un travail au long cours sur une année scolaire, travail coordonné et accompagné par un acteur dont l’expertise est reconnue et fait consensus : le mémorial de la Shoah.
On sait aussi qu’il est difficile de parler de ce sujet, déjà entre adultes, mais plus encore avec des adolescents et des enfants qui n’ont parfois pas les mêmes références. Qui n’ont parfois pas toutes les clés pour comprendre une période qui reste encore aujourd’hui incompréhensible. On sait l’importance du choix des mots lorsqu’on s’adresse à des enfants, plus encore sur ce sujet alors que l’antisemitisme n’est pas éteint et reste un combat quotidien.
Je pense pour ma part qu’on peut parler de tout avec des enfants et que nous sommes bien souvent surpris de leur compréhension des événements, y compris sur une question aussi tragique. On peut parler de tout, mais pas n’importe comment. Et nous tenons à exprimer notre confiance aux enseignants qui décideront d’intégrer ce dispositif.
Un point de vigilance tout de même sur cette délibération. Le Nord aussi a une histoire, et nous regrettons qu’il n’ait pas été possible d’intégrer dans ce dispositif les associations du département qui travaillent déjà et depuis longtemps au devoir de mémoire sur notre territoire. Nous ne doutons pas que vous trouverez un moyen de les associer à ce travail.
À Lille 3, l’association Lille Fives 1942 contribue à garder vivant le souvenir des juifs déportés en permettant d’installer des Stolpersteine devant les anciens domiciles des victimes du nazisme. Elle a mené un travail de fond et a contribué à découvrir l’existence d’un des plus grands sauvetages d’enfants juifs organisés, lors de la rafle de septembre 1942 en gare de Lille Fives et qui a permis de sauver au moins 26 enfants.
Ce travail a abouti à un film magnifique, diffusé récemment sur les chaînes nationales, Sauvons les enfants, qui raconte cette histoire. Ce travail a mené à la reconnaissance de ces sauveurs comme juste parmi les nations. Parmi eux, Marcel Hoffmann, cheminot, qui a sauvé une quarantaine d’enfants et d’adultes de la mort. Il est aujourd’hui enterré à Hellemmes, et avait toujours refusé d’être reconnu comme un héros estimant avoir fait ce qu’il avait à faire. Il n’y a pas de nationalité dans l’héroïsme, il y a simplement une reconnaissance du fait que face aux persécutions il y a des gens qui se lèvent et des gens qui se couchent. Merci à ceux qui se lèvent.