Projet Educatif Départemental du Collégien (PEDC) 2023-2026

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La politique éducative volontariste en faveur des collégiens : lancement du nouveau Projet Educatif Départemental du Collégien (PEDC) 2023-2026 Rapport n° DC/2023/10

Abstention – Intervention de Simon JAMELIN

Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, 

« Il faut tout un village pour élever un enfant ». Cet adage résume assez bien les dernières recommandations des acteurs de l’éducation puisque nous le savons, il est nécessaire aujourd’hui que toute la communauté éducative soit réunie pour faire réussir un élève. 

Vous nous demandez aujourd’hui de nous prononcer sur le prochain Projet Éducatif Départemental du collégien, un projet qui nous engage pour les 3 prochaines années. 

Sur un document si engageant, l’évaluation du dernier projet éducatif est capitale. Et l’évaluation n’a de sens qu’en fonction des acteurs qui sont consultés. Vous nous annoncez un taux de satisfaction du dernier PEDC de 96%. Autrement dit, tout va bien, c’est une réussite qu’on ne saurait remettre en cause. Mais 96% de qui ? Des élèves ? Des parents ? Des enseignants ? Des agents administratifs et techniques  ? 

Non, 96% des chefs d’établissements, du moins ceux qui ont répondu au formulaire que vous leur avez adressé. 

Vous affichez dans ce PEDC une volonté de collaboration entre tous les acteurs éducatifs, mais il ne suffit pas de l’affirmer. 

Ce projet éducatif a été élaboré sans les premiers bénéficiaires : les élèves, leurs familles et les enseignants. Vous nous avez confié que c’est difficile à organiser, nous en sommes conscients : nous sommes conscients du coût, du temps et de l’anticipation que cela représente, mais c’est à ce prix qu’un projet éducatif remplira pleinement son rôle. 

Nous sommes face à un document qui a quelques années de retard, qui accumule des objectifs (élaborés certes en lien avec les objectifs de l’Education nationale – nous saluons d’ailleurs l’ajout du 4eme volet « s’engager durablement » en cohérence avec les objectif de l’Education nationale) mais qui s’apparente plus à un guichet dans lequel on peut venir piocher qu’à un réel projet au bénéfice de tous nos élèves.

Je crois au fond qu’on tient avec cette délibération ce qui nous distingue dans cette institution en matière de construction des politiques publiques : nous ne pouvons plus en 2023 élaborer des projets pensés par de supposés sachants sans prendre en compte le retour et l’expertise des usagers et des bénéficiaires. 

Avec 6,5 millions d’euros d’autorisations d’engagement programmés pour les prochaines années, nous sommes au même niveau financier que pour le précédent projet éducatif départemental. C’est une bonne chose mais est-ce bien suffisant au regard de l’inflation qui impacte entre autres les transports et l’alimentaire. Mécaniquement, et même si l’inflation se stabilise, avec la même enveloppe ce seront moins de projets qui pourront être réalisés sauf si vous comptez sur l’augmentation de la participation des familles pour maintenir le même nombre de projets. 

Le mode de calcul de la dotation pédagogique est lui aussi renouvelé à l’identique. 15 euros par élève et par an. Ça relève d’une vision égalitariste de l’éducation, abandonnée par l’éducation nationale elle-même il y a longtemps au profit d’un système compensatoire dans une logique d’équité : donner plus à ceux qui ont moins, pour compenser les inégalités plutôt que les reproduire. 

Nous vous avons demandé au dernier conseil quels sont les leviers du département pour lutter contre les inégalités entre nos collèges . Vous nous avez répondu avoir une faible marge de manœuvre et que cela relève plus de l’éducation nationale. 

Nous vous proposons aujourd’hui une piste :  revoyons ensemble le mode de calcul de cette dotation pédagogique en passant à un financement progressif par tranches, tenant compte du niveau d’Indice de Position Sociale des établissements, dans une logique de réduction des inégalités entre les collèges. Nous avons 3 ans pour y réfléchir ensemble. 

Madame la Vice Présidente, nous connaissons votre engagement personnel pour nos collégiens, mais c’est l’ensemble de notre institution qui doit prendre conscience des leviers dont elle dispose. Compte tenu de la construction de ce projet éducatif, de l’enveloppe allouée et de son mode de calcul, nous nous abstiendrons sur cette délibération.