Politique cyclable départementale

Schéma cyclable départemental, nouvelles conditions d’intervention départementale – Modalités de répartition des aides pour l’Accompagnement de la Politique Cyclable Départementale (APCD) – Rapport n° DV/2022/489


Pour – intervention de Maël Guiziou

Monsieur le président,

Mes chers collègues,

Il ne vous apparaîtra sûrement pas étonnant que nous votions cette délibération. En effet, rendre plus lisible les politiques de subventions aux aménagements cyclables est une bonne chose. Nous pouvons espérer que les collectivités se saisiront de ces opportunités pour accélérer le développement de pistes cyclables sur le département.

Nous voyons cependant certaines limites à ce programme.

La première, la plus évidente, est budgétaire. Que sont 7 millions d’euros au regard du budget du département du Nord, et particulièrement de sa composante voirie? A lui seul, les travaux concernant l’échangeur du Douaisis qui passe en commission permanente aujourd’hui absorbent une somme comparable.

Dans le budget 2022, la voirie représentait 86 millions d’investissement, donc le budget vélo représentait moins de 10% de ce budget. Est-ce suffisant pour impulser des changements de comportement et sécuriser les aménagements? Sur la durée de son mandat, le conseil départemental d’Ille-et-Vilaine consacre un tiers de son budget mobilités à la réalisation d’aménagements cyclables. Un tel budget permet de réaliser des sauts capacitaires et de réels transferts de part modale.

Même amené à 10 millions d’euros par an en cours de mandat, ce budget cyclable nordiste n’est pas suffisant. Un moratoire sur de nouveaux projets routiers permettrait de développer bien plus rapidement un réseau continu et sécurisé de pistes cyclables, vélo-routes, voies-vertes et points-nœuds, et au-delà des infrastructures, de financer davantage de parcs de stationnements vélos dans les collèges, et de soutenir les vélo-écoles et l’apprentissage du vélo auprès des collégien.ne.s, mais aussi les ateliers de réparation.

Outre cet aspect purement budgétaire, nous sommes inquiets de la connotation fortement touristique donnée à cette délégation. Le vélo est un outil de la mobilité du quotidien avant d’être un moteur touristique. C’est ce potentiel transformateur qui donne tout son sens à un investissement structurant en faveur du vélo.

Enfin, nous souhaitons que le département du Nord profite de ce programme pour défendre des aménagements réellement sécurisants. En effet, les politiques de bande cyclable ne permettent pas de déplacements sécurisés, à fortiori quand les voitures roulent à 50, 70 ou 80 km à côté. Il est indiqué dans la délibération que le département y veillera, mais en même temps les aides pour l’Accompagnement de la Politique Cyclable Départementale ne prévoient pas de valoriser les projets d’aménagements de piste cyclable séparés de la voirie. Les vélos n’ont leur place ni sur les trottoirs, ni séparés d’une simple bande de couleur du trafic automobile. Certains aménagements récents sont déjà obsolètes dans leur conception, illustrant un décalage entre les attentes et les décideurs publics.

Nous saluons la formalisation et la simplification de la politique cyclable départementale, qui permettra un suivi précis des volumes budgétaires dédiés et une plus grande lisibilité pour les communes. Les attentes chez les nordistes sont importantes et demandent de vraies ambitions budgétaires. 

Il est possible de transformer la mobilité dans le Nord. C’est possible, les Pays Bas et la Flandre belge ont montré la voie d’une place centrale des mobilités cyclables. 

Je vous remercie.