Question d’actualité sur la crise de la filière maraîchère

Question écrite de Maël Guiziou, pour le groupe écologiste, présentée pour la session du Conseil départemental des 21 & 22 mars 2022. Le groupe écologiste a reçu le 31 mars une réponse écrite du vice-président chargé de l’environnement et de la ruralité Patrick Valois (à retrouver ci-après).

Monsieur le Président,
Monsieur le vice-président à la ruralité et l’environnement,

Le passage des tempêtes Eunice et Franklin les 18 et 20 février derniers dans notre département a provoqué de nombreux dégâts dans les exploitations agricoles, en particulier dans les fermes maraîchères où la plupart des serres ont été endommagées, entraînant également des pertes de récoltes.

Cette situation a amené la Confédération paysanne Nord-Pas de Calais, Bio en Hauts-de-France et le réseau des AMAP Hauts-de-France à demander le 22 février le déclenchement de la reconnaissance en calamité agricole de cet événement auprès de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Nord.
La Confédération paysanne a en outre interpellé le Ministre de l’agriculture et de l’alimentation le 25 février en formulant une série de demandes d’aide d’urgence au Gouvernement.

Ces deux tempêtes font suite à quatre années de sécheresse et à une saison climatique catastrophique en 2021 (gel, précipitations continues entrainant des inondations et températures froides, maladies cryptogamiques, …) qui ont déjà fragilisé les fermes en maraîchage diversifié.
Aux conditions météorologiques s’ajoute une baisse généralisée des ventes de fruits et légumes frais. Bio en Hauts-de-France a ainsi observé chez ses adhérents une diminution de 10 à 30% de la vente directe depuis l’été 2021, après le pic de vente chez les producteurs locaux pendant le premier confinement de 2020.
Au demeurant, il faut rappeler que la filière maraîchère reste jusqu’à présent très peu soutenue dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), tandis que la situation économique et sociale des exploitants agricoles demeure très préoccupante. Les paysans accumulent endettements, burn-out, dépressions, séparations, isolement mais aussi suicides, dans une profession où on a dénombré 529 suicides en 2016, soit plus d’un agriculteur par jour en France.

L’agriculture paysanne participe pourtant à la souveraineté alimentaire de notre territoire. Elle nourrit les populations locales de manière diversifiée et qualitative en préservant notre environnement.
Là où l’agriculture industrielle ne nécessite qu’un actif pour plusieurs dizaines d’hectares, l’agriculture paysanne créé au minimum un emploi par hectare, non délocalisable, en milieu rural.
Les ventes directes à la ferme et en circuits courts participent au renforcement des liens sociaux dans ces secteurs ruraux trop souvent désertés par les petits commerces.

Monsieur le Président, Monsieur le vice-président, nous vous avons déjà appelé lors de précédentes sessions du Conseil départemental à renforcer vos actions en matière d’approvisionnement local, bio et équitable des restaurants scolaires des collèges du Nord afin d’être à la hauteur des exigences de la loi Egalim et de favoriser
le développement de la filière maraîchère de notre territoire.
Nous vous avons également fait part d’autres propositions pour soutenir l’agriculture paysanne telles que l’appui à des espaces-tests agricoles, à des coopératives d’installation en agriculture paysanne, ou la mise en place d’un Projet Alimentaire Départemental cohérent avec les PAT des intercommunalités.

Alors que vient de se terminer le Salon de l’Agriculture, quelles actions d’urgence le Conseil départemental du Nord compte-t-il mettre en œuvre pour soutenir la filière maraîchère de notre territoire ?
Le Conseil départemental finance déjà des aides sociales pour aider au financement du service de remplacement sur une ferme en cas de coup dur. Dans le cas des maraîchers sinistrés, quel soutien du Conseil départemental pour aider au financement de la main d’œuvre nécessaire à la réparation des serres ?
Au-delà des mesures d’urgences, quelles actions structurelles comptez-vous mettre en place ou amplifier ?

Réponse écrite de Patrick Valois, vice-président chargé de l’environnement et de la ruralité :