Le Centre Chorégraphique de Roubaix, ou Ballet du Nord, est un acteur culturel majeur, majeur pour la danse et majeur pour notre territoire. C’est un des 3 plus importants sur les 19 qui existent en France. Il est le seul à avoir une école de danse intégrée. Il bénéficie bon an mal an de 2,4 millions d’argent public, principalement de la part de l’Etat, puis de la Région et de la Ville de Roubaix qui s’est beaucoup investie dans la danse, et enfin, dans la moindre mesure de 100 000 € /an du Département du Nord.
On pourrait donc penser que son organisation est à la hauteur de cette importance, on est loin du compte.
Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes pointe en effet de graves problèmes de gouvernance, de gestion administrative et financière, constate que les recommandations des inspections de 2015 et 2017 du ministère de la Culture n’ont pas été suivies d’effets, et conclue sur un rappel au droit et 5 recommandations.
Mes chers collègues, vous avez comme nous lu ce rapport cinglant : devoir rappeler en 2021 qu’il faut respecter les règles de la commande publique, qu’il ne faut pas confondre carte bleue d’entreprise et carte bleue personnelle, c’est quand même affligeant…
Cette question des dépenses des dirigeants interroge particulièrement. Les faits soulevés par la CRC sont graves et pourraient donner lieu à un signalement au parquet. Ainsi sur la seule année 2017, c’est quasiment 10 000 euros de dépenses réglées par la carte bancaire du di- recteur artistique qui apparaissent comme indûment prise en charge. Suite à différents scan- dales, le ministère de la Culture a depuis 2015 mis en place une instruction pour la transpa- rence et la maitrise des dépenses des dirigeants d’établissement culturel.
Mais le plus inquiétant, selon nous, c’est la légèreté avec laquelle les différentes tutelles exercent leur rôle de contrôle et d’accompagnement. Certes la plus grande responsabilité incombe à l’Etat, et l’incapacité du Ministère de la Culture à faire respecter les règles et les décisions qu’il prend lui-même n’est pas nouvelle.
Cependant, en tant que Département, nous avons aussi notre rôle à jouer.
A l’exception de la réponse très argumentée de la Ville de Roubaix, on a l’impression d’une profonde indifférence, à commencer par nous-même. En effet, alors que le rapport pointe l’absence du représentant du Conseil Départemental au Conseil d’Administration, comment se fait-il que le Ballet du Nord n’apparaisse pas dans la liste des représentations extérieures que nous venons de désigner ? Selon les statuts du Ballet du Nord, le Département participe au Conseil d’Administration avec un représentant élu et une personnalité qualifiée désignée par le Président du Département.
C’est pourquoi, nous nous posons simplement la question :
– pour exercer correctement notre tutelle car il s’agit d’argent public,
– pour veiller à la bonne mise en œuvre des recommandations du présent rapport,
– mais plus encore, en termes d’enjeu politique sur notre territoire, pour soutenir la position exprimée par la Ville de Roubaix de maintenir le lien indéfectible entre le CCN et l’école du Ballet du Nord en partenariat avec le conservatoire à rayonnement départemental de Roubaix,
quel sera, dans le mandat qui s’ouvre, Madame la Présidente, le rôle du Département ?