Lutte contre les violences intrafamiliales

Renforcer la politique départementale de lutte contre les violences intrafamiliales – Rapport n° DGASOL/2022/125 

Vote Pour – Intervention de Maël Guiziou, pour le groupe écologiste

Monsieur le Président,

Madame la conseillère départementale déléguée à la lutte contre les violences intrafamiliales,
Cher.es collègues,

Cette délibération va dans le bon sens et nous saluons l’augmentation budgétaire dédiée. En effet, les violences intrafamiliales sont un problème central de nos sociétés et ont des conséquences durables sur les victimes, qu’elles soient conjointes, conjoints ou enfants.

Il est fondamental de prendre en charge, y compris par obligation de soins et éloignement du domicile, les auteurs de violences : c’est bien à eux de quitter le logement, et non à la victime et ses enfants comme c’est encore trop souvent le cas aujourd’hui.

Nommer les enfants comme victimes directes des violences intra familiales est une reconnaissance plus que bienvenue, mais cette délibération ne prévoit pas d’action supplémentaire dans leur direction, y compris pour lutter, par exemple au sein des collèges, contre les conséquences directes et indirectes de l’exposition à ces violences : rupture de parcours scolaire, consommation de toxiques, marginalisation sociale… le financement de l’association CAR’ADO est une bonne chose, mais pour un montant réduit de 6000 euros et focalisé sur les seuls adolescents. Quid des 1000 premiers jours de la vie d’un enfant? Comment le département coordonne la question des violences remontées via les équipes des PMI ?

La convention de partenariat avec le SDIS et pour le financement et la mise en réseau des intervenants sociaux en gendarmerie et commissariat est également une bonne avancée. Or, l’expérience a montré que l’accueil et l’accompagnement dans les commissariats peuvent être défaillants : apprenons des erreurs pour avancer.  Cette question se pose aussi au SDIS comme la presse locale le souligne d’ailleurs aujourd’hui. 

Concernant le renforcement du partenariat avec l’association SOLFA, cette action est nécessaire également et va permettre de renforcer son équipe éducative et psychologique face à la demande croissante de prise en charge de ces enfants accueillis par le centre de consultation Brunehaut Enfant et de soutenir la parentalité des femmes victimes. Il est cependant dommage que cela ne s’accompagne pas de subvention en fonctionnement.

Aujourd’hui, nous manquons avant tout de logements et d’hébergements d’urgence spécifiques dans notre Département, notamment en milieu rural, comme Anne Mikolajczak l’avait rappelé dans son intervention sur le rapport 2021 sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Le département se prévaut de son rôle d’équilibre des territoires, il serait donc légitime d’assurer la présence d’hébergement d’urgence dans des territoires comme le Cambrésis.

Concernant l’expérimentation sur la Direction territoriale de prévention et d’action sociale de Valenciennes d’un RSA d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales et sous dépendance financière de leur conjoint, la dynamique est positive. Cependant, il est déjà possible de désolidariser un RSA attribué à un couple. Le groupe écologiste aurait préféré la mise en place d’une aide spécifique comme les AMASE à l’ensemble des femmes victimes de violences quelque soit leur situation administrative.

Concernant les coachs emploi, nous sommes sceptiques. L’insertion professionnelle ne doit pas intervenir en premier lieu, le plus urgent reste bien évidemment la mise à l’abri et un temps de reconstruction psychique et physique, qui nécessite un accompagnement parfois très long, et ceci avant de penser à son insertion professionnelle. Les coachs peuvent se retrouver dépourvus face à ces situations de violence vécue, s’ils n’ont pas été formés préalablement.

De plus, un grand nombre de femmes victimes de violences sont déjà très actives notamment dans des activités relevant de l’économie informelle. Un accompagnement aurait du sens pour favoriser le passage de l’économie informelle à l’économie formelle en accompagnant des projets et initiatives des femmes par et vers l’économie sociale et solidaire.

Sur le fond, au-delà des actions décrites dans cette délibération, nous sommes interpellés par l’absence de mise en perspective du besoin de formation à l’interne des personnels du département à ces enjeux : savoir repérer les violences, comment orienter au mieux, quelle posture professionnelle… Outre la formation, nous nous questionnons sur l’absence d’articulation explicite entre le département et les associations financées. Comment les services du département promeuvent cette politique, notamment dans les UTPAS ?
Nous voterons pour cette délibération car elle constitue une avancée. Cependant, une politique ambitieuse de lutte contre les violences intra familiales va nécessiter obligatoirement une augmentation du budget dans les prochains mois, les prochaines années.

Ceci étant dit, nous partageons la demande du groupe communiste d’intégrer un groupe de travail sur ces questions.
Je vous remercie.