Engagements du Département concernant la Politique de la Ville

Nouvelle contractualisation relative à la politique de ville : réaffirmation de l’engagement du Département aux côtés des territoires et habitants en géographie prioritaire / Rapport n° DTT/2024/24

Abstention – Intervention de Céline Scavennec

Cette délibération portant « engagement » du département dans la Politique de la Ville vient rappeler ici l’ampleur des inégalités territoriales dans le Nord qui comporte encore de nombreux quartiers dans la géographie prioritaire, quartiers dont les indicateurs sont alarmants dans un certains nombre de domaines : en matière d’emploi avec les discriminations, en matière de logement et de cadre de vie, de santé avec notamment des pathologies liées à l’alimentation ou l’environnement, en matière d’éducation avec une égalité des chances plombée par les phénomènes de ségrégation bien connus et que nous avons déjà pointé ici, etc.

Cet engagement porte sur la période 2024-2030, et à l’exception de quelques quartiers qui ont récemment basculé, va très majoritairement concerner des secteurs prioritaires depuis plus de 30 ans et que les politiques publiques semblent impuissantes à faire changer.

Les programmations des années à venir vont-elles inverser cette situation ?

Nous en doutons.

Pourquoi ? Parce que malgré l’ambition affichée de « raviver la contribution citoyenne » à travers la mission confiée à Mohamed Mechmache, ce que nous voyons à l’oeuvre concrètement sur le terrain, c’est exactement le contraire. Un seul exemple : la lutte des habitants du quartier de l’Alma à Roubaix qui se heurtent toujours à un silence assourdissant et méprisant.

Nous en doutons aussi parce que malgré les objectifs affichés par l’État, ni les conditions d’exercice de la citoyenneté, en faisant confiance aux associations, ni les moyens financiers ne seront au rendez-vous.

Faute d’ambition, faute de volonté politique, l’État avait suite aux émeutes de juin dernier, décidé de n’avoir plus qu’une approche policière de ces quartiers et de leurs habitants. Le rattachement de la Politique de la Ville au Ministère de l’Intérieur était le symbole de l’abandon de tout projet d’émancipation sociale et de participation citoyenne.

Le gouvernement Attal a légèrement rééquilibré cette approche en ramenant dans le coup le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Si les futurs contrats de Ville permettent, comme cela a été expliqué par Madame la sous-préfète à la ville en COPIL Nord durable, il y a quelques semaines (et je remercie M. Valois d’avoir permet cet échange très intéressant) de renforcer les liens entre les milieux urbains et ruraux à travers l’agriculture urbaine, les circuits courts et l’alimentation de qualité pour les personnes les plus précarisées, l’adaptation au changement climatique (il a notamment été annoncé l’objectif de végétaliser toutes les cours d’école des quartiers très minéralisés en Politique de la Ville), nous ne pouvons que saluer ces avancées.

Si les futurs contrats de Ville permettent de sortir les centres sociaux de la crise actuelle en garantissant des financements pérennes et à la hauteur des missions qui leurs sont confiées (pour les centres sociaux et, j’ajoute, les associations de quartier qui remplissent ce rôle, ainsi que les clubs de prévention spécialisée), alors nous ne pourrons que nous en satisfaire.

Malheureusement, à ce stade, rien ne nous le garantit. Les habitants des quartiers en Politique de la Ville attendent que le département soit là, avec ses compétences en éducation, culture, santé, prévention, action sociale, logement, mobilité, insertion. Pour l’instant, ce n’est pas le chemin qui est pris, c’est pourquoi, nous ne pouvons pas voter un « engagement » qui n’en est pas un.